Pour leur première grande exposition personnelle en France, Petra Koehle et Nicolas Vermot-Petit-Outhenin envisagent un projet en évolution constante dans lequel s’entremêlent architecture, photographies et performances musicales autour du bleu du ciel. 

Établie sur une installation qui s’étend dans tout l’espace, l’exposition place les notions de traduction voire transduction au centre de ce projet spécifique. La partition transforme le CACC aussi bien en lieu d’exposition que de production et convie des personnalités extérieures dont les recherches dialoguent avec celles du duo à donner corps à cette œuvre infinie : la violoncelliste Deborah Walker et les réalisateurs Silvia Maglioni & Graeme Thomson. Un double motif est à l’origine de l’exposition And If… Just if…. Le duo s’appuie d’une part sur l’utopie et la poésie de Saussure qui tenta à la fin du 18^e siècle de quantifier l’intensité du bleu du ciel et inventa à cet effet un cyanomètre. D’autre part sur l’analyse de tissus d’Afrique centrale reproduits dans des livres au début du 20^e siècle dans le contexte d’une vision coloniale du monde. Ces réminiscences du domaine scientifique sont mises en tension au sein d’un vaste échafaudage qui investit les espaces d’exposition. À l’invitation du duo, Silvia Maglioni & Graeme Thomson présentent une nouvelle vidéo, Opening Adress (Pending Removal Impeding Its Ending) qui explore les possibilités de traduction et transduction agissant entre différents régimes de signes : un texte écrit par les artistes, son interprétation en langue des signes, et le son d’un thérémine.

La violoncelliste Deborah Walker est invitée, quant à elle, à improviser cette exposition-partition à deux occurrences, lors du vernissage puis à la fin de l’exposition. Il s’agit là moins d’un processus de translation que de transduction, c’est-à-dire d’une traduction non pas vers un autre médium mais un nouvel espace énergétique. Les deux enregistrements sonores des concerts deviendront à la suite de l’exposition les faces A et B d’un disque vinyle édité en plusieurs exemplaires. À travers cette œuvre collaborative et indisciplinaire, Petra Koehle et Nicolas Vermot-Petit-Outhenin poursuivent leurs recherches menées jusqu’à présent sur les répercussions des systèmes de représentation sur nos mémoires et perceptions. Par un titre laissant la porte ouverte à tous les possibles, l’exposition propose ici des espaces de liberté et de manœuvre inattendus entre le reconnaître et le ressentir, l’idée et l’expérience.

_

L’exposition participe au Mois de la Photo du Grand Paris 2017. Elle bénéficie du soutien de la fondation Pro Helvetia et de la fondation Erna und Curt Burgauer Stiftung et de la galerie Annex 14 – Zurich.