Comme les nuages, les formes du monde tournent les unes dans les autres

    Exposition
    collective
    • 📅22.09.2018
      09.12.2018

    Le CACC a donné carte blanche à la revue de dessin contemporain Roven.
    « Les formes du monde » sont toutes entières contenues dans un dessin, voilà ce qu’on pourrait dire en particulier des œuvres réunies ici. C’est avec ce point de départ, et de manière intuitive, que nous avons formé le groupe constitué de Io Burgard, Matthieu Cossé et Dirk Zoete. Chez ces trois artistes, le dessin est la colonne vertébrale d’un travail protéiforme où les va-et-vient sont multiples. Il constitue le vecteur qui met la mécanique en mouvement. Il se déploie, s’oriente vers d’autres mediums ou en lui-même et génère d’autres œuvres qui le nourrissent de nouveau en retour. Il représente un passage, voire un glissement entre différents états, motifs, techniques et formes. Du dessin au volume ou à la photographie, sur le mur, entre la 2D et la 3D, le travail naît et revient au dessin.

    Chez Matthieu Cossé, ce va-et-vient se fait à l’intérieur même de sa pratique. Le déplacement de formes s’opère d’une œuvre à l’autre et entre les étapes de réalisation, naviguant ainsi entre différentes « familles de dessin ». Qu’ils soient d’observation, fantaisistes, relevant de la caricature et du portrait, les dessins de Matthieu Cossé lui permettent d’approfondir la réalité et de l’assimiler pour en proposer une vision augmentée. Son dessin passe de la figuration à l’abstraction, de la déformation voire de l’exagération de la forme à une observation réaliste. Ici, des dessins d’humeur – pratique quotidienne et spontanée – font le lien avec ses autres œuvres. C’est le cas du mural dessiné à l’encre sur des laies de papier peint encollée au geste ample et lâché. C’est aussi le cas du portrait minutieusement exécuté, au plus près de l’image qu’on se fait de la figure humaine et de son individualité. On peut parler chez Matthieu Cossé d’un « état de forme », un état du dessin qui cherche sans cesse et partout, sur tous les supports et dans toutes ses dimensions, n’hésitant pas à jouer de l’agrandissement et usant de la ligne – tantôt figurative et détaillée, tantôt abstraite et spontanée –, de la couleur explosive et du noir et blanc.

    Le dessin est pour Io Burgard l’espace du possible où les fantasmes et les envies de formes peuvent se développer. Ses œuvres sur papier mettent en scène des portes, des tubes, des lignes, des ponts, des visages, des parties de corps déformées identifiables ou suggérées. Le rapport à la surface du papier est frontal, le traitement des motifs produit une sensation de sortie du plan pour aller vers le volume, comme ces cadres en plâtre qu’elle réalise pour ses dessins, qui les transforment en objets, délimités et enveloppés ou des récents bas-reliefs réalisés en plâtre et en résine. Ces volumes sur lesquels elle peut dessiner ou ajouter des éléments prolongent cette recherche vers « une troisième forme, ni dessin, ni sculpture, mais les deux ». Il n’est plus question d’un dessin-outil, mais d’un dessin-matériau des œuvres en volume. Le glissement de la bidimensionnalité vers la tridimensionnalité, et vice versa, se matérialise dans ces lignes qui serpentent du papier au plâtre et circulent entre les masses colorées en se déployant sur tous les supports. Les œuvres de Io Burgard sont des morceaux de vivant – humanoïdes et organiques –, à la fois tombantes, sinueuses, courbes et vives. Elles indiquent le corps, le mouvement, des visions multiples, l’histoire qui se construit.

    Artistes

    Io Burgard, Matthieu Cossé et Dirk Zoete

    Commissariat

    Carte blanche à la revue de dessin contemporain Roven

    Dossier de presse

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    Guide de visite

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    Johana Carrier et Marine Pagès

    Rencontre
    2018

    Mouvements partagés

    Projection
    2018

    À l’image d’une balle rebondissante, le dessin assume une fonction circulaire dans le travail de Dirk Zoete. Il est au départ de l’ensemble de son œuvre qui passe par le volume, la photographie et le film d’animation ou stop-motion, puis revient au dessin pour retourner dans l’espace, et ainsi de suite. Réalisés au crayon et en noir et blanc – depuis peu la couleur s’invite –, ses dessins sont peuplés de personnages presque schématiques costumés, casqués, harnachés, à cheval, en armes, etc., d’architectures et de végétation. Il réalise aussi des costumes et des masques, portés par des comédiens et/ou lui-même qu’il met en scène dans des décors, qu’il photographie et retouche en ajoutant des lignes, des tubes, des points, autant de signes géométriques qui amplifient l’image. Puis, à partir de ces « re-enactment de dessins », il réalise encore d’autres dessins. C’est à travers la simplification de la ligne qu’il créé un espace. Les décors et les passages, à l’image du portique présenté dans l’exposition, permettent de pénétrer au cœur du travail, de passer la porte qui nous fait entrer dans le dessin comme sur une scène, tout à la fois lieu du décor et de l’évènement. Si les actions des personnages et leurs accoutrements peuvent paraître absurdes, ils n’en incarnent pas moins des aspects de la condition humaine.

    L’exposition Comme les nuages les formes du monde tournent les unes dans les autres, citation extraite d’un poème de Hans Arp, est à l’image du dessin qui cherche, forme et se déploie sans fin, faisant écho à la manière de travailler de ces trois artistes. Au-delà du dessin, ils entretiennent un rapport ténu entre réalité et imaginaire, entre figuration et abstraction, à travers la représentation du corps dont ils se jouent, déguisé ou paré chez Dirk Zoete, morcelé chez Io Burgard, réel ou fantasmé chez Matthieu Cossé. Un autre il qui relie ces trois artistes est l’humour ; absurde, grotesque, étrange, ludique, le même qui permet la distance nécessaire à la réinvention du monde. Plusieurs vocabulaires formels entrent ainsi en dialogue sans point de fuite ni horizon. Seules quelques lignes ont la capacité de créer un espace, des figures, comme une illusion de profondeur suggère un volume. 

    Tout ce qui se dessine ici converge.

    ROVEN EDITIONS

    Créée en 2008 par Johana Carrier et Marine Pagès, Roven éditions est une structure éditoriale associative française. Elle publie la revue critique sur le dessin contemporain Roven ainsi que des ouvrages sur l’art contemporain et le dessin. Roven est une revue critique sur le dessin contemporain, annuelle depuis 2015, dont le premier numéro est sorti en 2009 (13 numéros à ce jour). Roven aborde les multiples pratiques du dessin, son approche critique met en valeur la manière dont le dessin est pratiqué, utilisé, détourné, référencé, afin de stimuler le dialogue sur ce support et plus largement sur l’art contemporain. Depuis 2011, Roven éditions publie des ouvrages monographiques et d’essais sur l’art contemporain, avec une dominance de titres consacrés au dessin contemporain, rassemblés sous trois collections : Conversations (entretien et portfolio), Perspectives (essais théoriques) et Aires (monographies).

    Johana Carrier est éditrice, commissaire d’expositions et traductrice indépendante, basée à Paris. Elle est, depuis 2009, codirectrice de publication de Roven éditions, corédactrice en chef de la revue Roven et membre fondateur du collectif curatorial Plateforme Roven. Elle travaille actuellement avec Joana P. R. Neves à la première exposition rétrospective consacrée au travail de l’artiste allemande Irma Blank, dont le premier volet ouvrira en mai 2019 à Culturgest, Lisbonne. Elle a notamment été co-commissaire des expositions suivantes : Outiller le dessin, La Panacée, Montpellier (2016), Rituels, répétitions, contraintes, tentations, volet 1 : exposition de groupe, volet 2 : Reto Pulfer, MRAC Sérignan (2015), La Méthode graphique et autres lignes, Galerie Édouard-Manet (2010).

    Marine Pagès est diplômée de l’école Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, elle est artiste, éditrice et enseignante. Son travail artistique sur la perception de l’espace s’articule principalement au travers du dessin et du volume. Elle a participé à de nombreuses expositions dont récemment, Dépaysements II, Angle, Saint-Paul-TroisChâteaux ; Papel, papel, Galerie Bernard Jordan, Paris ; Outiller le dessin, La Panacée, Montpellier ; À l’heure du dessin, 4e temps, Château de Servières, Marseille. Elle est codirectrice de publication et corédactrice en chef de Roven, revue critique sur le dessin contemporain, depuis 2009, et membre du collectif Plateforme Roven.

    https://www.roveneditions.com/

    BIOGRAPHIE DE IO BURGARD

    Io Burgard est née en 1987 à Talence, elle vit et travaille à Paris. Elle commence sa formation à l’école des Arts décoratifs de Strasbourg auprès de Guillaume Dégé et, en parallèle, elle intègre l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris où elle poursuit ses études dans l’atelier du peintre Jean-Michel Alberola. Elle en sort diplômée en 2014. En 2015, elle réalise sa première exposition personnelle à l’espace Premier regard, sur une proposition de Florence et Daniel Guerlain, ainsi qu’une résidence de la Fondation Hermès à la maroquinerie de Seloncourt dont le résultat a fait l’objet d’une exposition au Palais de Tokyo en 2017. En 2018, elle réalise La Bête dans la jungle, exposition monographique au MRAC de Sérignan, sur une invitation de Sandra Patron. Son travail a également été présenté par Nicolas Bourriaud à la Galleria Continua, à plusieurs éditions du salon Drawing Now Paris ainsi qu’à la galerie Maïa Muller qui la représente.

    BIOGRAPHIE DE MATTHIEU COSSE

    Matthieu Cossé, est né en 1983, il vit et travaille à Paris. Mélange d’observation et d’imagination, le travail de Matthieu Cossé engage à la fois de l’intuition et de la distance. Ses dessins représentent des natures mortes, des figures, des portraits, des humeurs et des paysages. En 2018, son travail a été montré au Quadrilatère de Beauvais dans l’exposition Paris-peinture, à la Villa Noailles pour la Design Parade et le festival de mode, ainsi qu’à Mains d’Œuvres dans l’exposition Quart d’heure américain.

    www.matthieucosse.com

    BIOGRAPHIE DE DIRK ZOETE

    Dirk Zoete est né en 1969, il vit et travaille à Gand, Belgique. Forme de pensée et miroir qui lui permet de regarder et de réaliser ses œuvres, le dessin est la base à partir de laquelle il créé des maquettes, des sculptures, des constructions architecturales, des photographies, des films et d’autres dessins. Son travail a récemment fait l’objet d’expositions personnelles à Gallery Fifty One, Anvers, BE (2018), Be-Part, Waregem, BE (2016), S.M.A.K., Gand, BE (2017). Il est représenté par les galeries ZINK, Waldkirchen, DE, Fifty One Gallery, Anvers, BE, Maurits van de Laar, La Haye, NL.

    www.dirkzoete.be