On achève bien les discos

    Tony
    Regazzoni
    • 📅12.03.2022
      05.06.2022

    L’exposition personnelle de Tony Regazzoni « On achève bien les discos » s’inscrit dans le contexte de la résidence annuelle au CACC pour la saison 2021–2022. Elle est le premier volet du projet ambitieux mené en collaboration avec Aurélie Faure : écrire et réaliser un opéra-vidéo dans l’une des plus grandes discothèques d’Europe des années 1990, abandonnée aujourd’hui, l’Ultimo Impero (le dernier empire). Inspiré du roman populaire Le fantôme de l’opéra, ce projet au long cours rassemble tous les éléments – théoriques et plastiques – qui composent la pratique de l’artiste, et réunit de nombreuses disciplines autour de problématiques politiques et sociales.

    « On achève bien les discos » fait référence au film de Sydney Pollack et aux marathons de danse organisés aux États-Unis d’Amérique pendant la Grande Dépression : une activité très lucrative pour les organisateurs, basée sur le voyeurisme des un.es et la détresse des autres. Symbole de l’industrialisation de la fête, de l’incarnation de croyances et de rituels occidentaux, les discothèques ne seraient-elles pas les derniers temples de l’Homo sapiens en voie de disparition, voire de destruction ?

    Le duo a sillonné le Nord de l’Italie et parcouru plusieurs milliers de kilomètres afin d’explorer une vingtaine d’établissements de nuit emblématiques, aux architectures et aux décors insensés, tous abandonnés. « On achève bien les discos » revisite les archives de ces lieux de fête, de réunion et de rencontre, en zone périurbaine et rurale, et en cours d’extinction. Au-delà de leur charge symbolique et de leur rôle social, Tony Regazzoni affectionne ces boites de nuit pour leur esthétique postmoderne à laquelle il est très attaché. Construit dans les années 1980, l’espace d’exposition présente tous les atouts d’une discothèque. L’artiste s’empare alors du bâtiment et déploie habilement un panel de techniques empruntées aux logiques du spectacle. Par le simulacre et le truchement, il crée sans complexe une série d’illusions d’optiques low-fi et se joue des faux semblants.

    Les expositions précédemment réalisées par l’artiste ont surement été le préambule à celle-ci. Concevoir une exposition à partir d’une œuvre littéraire ou d’un genre cinématographique, penser une scénographie à partir des codes employés par l’industrie des loisirs, inviter le public et/ou des artistes à activer l’exposition via la musique et la danse, user du fake pour représenter les allégories des années 1980–1990 et repousser les limites du « bon goût », sont les patterns de Tony Regazzoni alimentés par un univers kitsch.


    La résidence de Tony Regazzoni est soutenue par la DRAC Ile-de-France et la Région Ile-de-France.

    Les recherches de l’artiste autour des discothèques italiennes sont accompagnées par l’Institut français. La galerie Eric Mouchet apporte également son concours à la réalisation de l’exposition. 

    Commissariat

    Aurélie Faure

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    👉Site de l’artiste

    Tony Regazzoni

    La bamboche, c’est terminé !

    Colloque
    Tony Regazzoni

    Le fantôme de la discothèque

    Résidence
    Tony Regazzoni

    Clamarathon

    Marathon de la danse
    Evénement collectif

    Slow Motion

    Programme de recherche
    2021–2022

    La répétition de motifs et la reproduction d’objets sans valeur, calqués sur le modèle des classes supérieures, sont les marqueurs sociaux et historiques du désir d’ascension sociale de la bourgeoisie à la fin du 18e siècle, et des prolétaires après la seconde guerre mondiale. L’artiste se réapproprie ces symboles qu’il transforme en gimmicks. De la même manière, les discothèques développent et mettent en œuvres des stratégies pour simuler des ambiances par le biais de substituts low cost.

    À travers une scénographie immersive, « On achève bien les discos » offre un corpus d’œuvres fixes ou animées, en deux ou trois dimensions. Produites à partir d’anciennes et de nouvelles technologies, de vestiges et de pastiches, elles sèment le trouble entre archives et fictions. On achève bien les discos retranscrit l’histoire et le souvenir de discothèques italiennes abandonnées avant de plonger le public dans l’atmosphère fluo et fantomatique du célèbre et mythique dancefloor de L’Ultimo Impero. L’exposition se parcourt tel un voyage extatique rythmé par la musique, les corps et les voix de celleux qui l’habitent. On achève bien les discos esquisse les premières intentions dramaturgiques du duo et plante le décor de leur futur opéra filmé dont l’écriture sera nourrie par une programmation soutenue et pensée avec soin.

    « On achève bien les discos » sera l’écrin et le théâtre de réflexions, d’auditions, de répétitions, dansées, chantées, chorégraphiées, écrites ou improvisées. Au fil des semaines, Dj, chanteur.ses, danseur.ses, performeur.ses, et philosophes, sociologues, anthropologues, seront invité.es à activer l’exposition, à prendre possession des lieux avec le public à travers des évènements ouverts à tou.tes allant du colloque au marathon de danse. Ces temps forts constituent les premières répétitions pour la réalisation d’un futur grand opéra, Le fantôme de l’Impero.

    « On achève bien les discos » sera une exposition vivante transformée en laboratoire de création et de collaboration pour une aventure inclusive et collective balayant les frontières entre cinéma et opéra, entre white cube et dancefloor. »

    Texte d’Aurélie Faure

    BIOGRAPHIE DE TONY REGAZZONI

    Tony Regazzoni est né en 1982, dans le massif du Jura. Il est diplômé de l’École Nationale supérieure d’Art de Dijon (2005) et de l’École Cantonale d’Art de Lausanne (2006). De cette culture rurale à la fois préservée et laissée pour compte, il tisse des liens avec le milieu Queer qui l’a accueilli en arrivant à Paris. De la rencontre entre ces deux cultures se dégage un questionnement sur ces esthétiques « pauvres » mais « riches » qui trouvent une certaine accointance avec l’histoire du kitsch et son évolution comme marqueur politique et social. Son travail se développe autour d’une archéologie ciblée, celle d’une civilisation tournée vers la conquête, la performance, l’opulence de communication, de progrès et de loisirs, dont il réalise le portrait. Si aujourd’hui l’image – qu’elle soit recyclée, photoshopée, filmée ou même faussement « interactive»– prédomine dans son corpus d’œuvre, l’installation comme création immersive et la sculpture y trouvent une part importante. Son exposition Je sors ce soir à Montpellier en 2019 a fait l’objet d’un travail à la fois documentaire, historique et artistique sur les différents modèles de discothèques principalement européennes. Cette exposition faisait suite au projet Boîte de nuit réalisé au Centre Pompidou (2017) et Mythologies du dancing à Saint-Jean de Luz (2018).

    Il a effectué une résidence de trois mois en Nouvelle-Zélande (2018) pour réaliser les prémices de son Museum of Ancient New Technologies. Son travail a été récemment présenté au CAC Brétigny (2017), la galerie de Noisy-le-Sec (2019), au MUCEM (2019) ou à la galerie Machete à Mexico (2016). Il a participé à de nombreuses expositions collectives comme au FRAC Pays de la Loire et au FRAC Aquitaine (2014), au CREDAC et à la Box (2010). En 2022 sa première exposition personnelle R.Évolution française se tient à la galerie Eric Mouchet avec le soutien du Cnap.

    BIOGRAPHIE D’AURELIE FAURE

    Aurélie Faure est commissaire d’exposition indépendante et autrice, membre de c‑e-a et de A.I.C.A. France. Diplômée des beaux-arts, elle étudie ensuite le droit et les sciences politiques. Cette formation marque son regard et anime avec vigueur les projets qu’elle réalise. Dès 2010, elle s’investit auprès des artistes de sa génération traitant de géopolitique et de problématiques environnementales, sociales et économiques. Son engagement se traduit par le commissariat et la production d’expositions, d’éditions et de textes, propices à l’analyse des mécanismes de notre société. Depuis 2017, elle développe une pratique critique et curatoriale à travers la création et le réalisation d’objets sonores, radiophoniques et audiovisuels, en collaboration avec des artistes plasticien.nes, auteur. ices, et musicien.ne.s. Les formes développées tendent à la rencontre, à la transmission et à la résistance, et interrogent la notion de « Posture ». De 2010 à 2013, elle assure la coordination et la production d’expositions internationales auprès de l’institut français et des galeries Perrotin et Suzanne Tarasiève. Forte de son expérience, elle est la collaboratrice de Gaël Charbau de 2014 à 2019 : Bourse Révélations Emerige, Universcience, Fondation d’entreprise Hermès, Inventeurs d’Aventures, Nuit Blanche 2018. Elle est ensuite nommée commissaire d’exposition et directrice artistique de projets en France et à l’étranger : PREMIÈRE, 26e édition, Abbaye Saint André-Centre d’art contemporain, Meymac (2020) ; SIGNAL, Centre Wallonie Bruxelles | Paris, Panorama, Friche Belle de Mai, Marseille (2020) ; On the Edge, Focus France, Art Vilnius, Lituanie (2019). Autrice et éditrice indépendante, elle développe une écriture sonore et performative à travers de nombreuses collaborations en duo — Le fantôme de l’Impero avec Tony Regazzoni, Alcantara mon amour avec Clément Douala, Scalar Station avec Romain Poirier, Side to Side avec Valérian Goalec, Sometimes you don’t know what to do with an octopus avec Florent Meng) et avec le Collectif 16 am – seize heures du matin (Samuel Belfond, Clément Douala, Théo Duporté, Aurélie Faure, Ava Hervier, Arnaud Idelon et Camille Trapier). En avril 2022, elle est invitée en résidence curatoriale à GENERATOR #8, à Rennes.